We are broots (parait-il) !

La caravane
déc, 17 2010

Il y a plusieurs mois, nous étions interviewés par un journaliste du magazine Usbek & Rica au sujet de notre projet. L’expérience de l’interview était plutôt amusante et nous nous étions bien pris au jeu, sans toutefois se faire d’illusions. Dans l’article final, nous serions au mieux évoqués, au pire oubliés !

Début décembre néanmoins, nous achetons le nouveau numéro et nous jetons sur l’article intitulé « C’était bien mais il y avait trop de touristes ».

Pour résumer de manière un peu simpliste l’article : le voyageur « roots » cherche à explorer des contrées inexplorées et vierges de tout tourisme. Or, aujourd’hui, la planète entière est « touristisée ». Le voyage « roots » serait donc impossible, il ne serait plus qu’un vieux rêve nostalgique. Et où qu’il aille, « le backpacker […] se retrouve nez à nez avec d’autres backpackers aux cheveux longs ».

Je ne rentre pas dans le détail de l’article (il fait 5 pages), mais je voudrais juste revenir sur un nouveau concept (légèrement fumeux à mon goût) inventé par Usbek & Rica, et désigné sous le mot-valise (très en vogue actuellement, et je ne donnerai pas d’autres exemples) de « broots », contraction de « bourgeois-roots ». Pour être honnête, j’ai du mal à saisir précisément le sens de ce nouveau mot ; mais en gros, les broots, c’est nous (plus ou moins) !

Ce sont ces hordes de voyageurs qui refusent le voyage organisé, mais qui « mettent à jour leur profil facebook dans un cybercafé de La Paz » ; « abusent de l’Immodium » ; et « cherchent le sens de la vie dans une auberge de jeunesse du Lonely Planet ».

Comme vous le voyez, cette définition n’est pas précisément valorisante. On y décèlerait presque une pointe de mépris… Et c’est là que je m’insurge (c’est mon côté Zola) !

STOP aux « leçons de voyage » ! Qui a décrété que le « vrai » voyage se faisait forcément à quatre pattes, le nez dans la boue, en sous-nutrition, et avec un unique slip pour 240 jours ??? Pourquoi vouloir systématiquement coller à cette image du voyageur romantique qui part le nez au vent, sans carte ni argent, et avec pour tout bagage un baluchon balançant sur son épaule ? Pourquoi devrions-nous avoir honte d’emporter avec nous ordinateur et GPS ? Si Christophe Colomb partait aujourd’hui, pensez-vous vraiment qu’il renoncerait à toute technologie ? Certes, il ne découvrirait pas l’Amérique, mais il arriverait aux Indes comme prévu, et nous rapporterait peut-être même la recette du poulet au curry façon Pondichéry en avant-première… Bref, l’aventure aurait été différente, mais aurait-elle été dénuée d’intérêt ?

Nous avons décidé de nous équiper pour profiter d’un minimum de confort, pour pouvoir communiquer facilement avec nos proches. Nous ne partons ni à la guerre, ni vivre une vie d’hermite. Nous partons voir ailleurs si les broots y sont… Et si on en trouve de beaux spécimens, c’est promis, on postera une vidéo sur Youtube avec un lien sur Facebook ;-)

Camille.

PS : Au fait, dans l’article, nous sommes cités.

« Je veux faire le point sur le métier que j’ai envie d’exercer, ce que j’aime vraiment, où j’ai envie d’habiter… » Camille, 27 ans. Part en janvier pour 14 mois de tour du monde à vélo, avec son copain Marc, un an plus âgé. Au retour, ils risquent de faire un constat amer. « Au final quand tu reviens, rien n’a bougé. C’est même pire. L’évolution qui te faisait peut, tu te la prends en pleine face » […] Pamela Jouven, 28 ans.

Nous aurions donc tout faux…

Photo de Martin Paar, série « Small World ».

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  1. « Et qui trouve super naze, de mettre les gens dans des cases »… Comme dirait ce bobo de Delerm (fils) !

    Marc

  2. julie

    merci à la cousine de vous avoir mis en relation! :-) allez! vous êtes les meilleurs broots que je connaisse !!
    bisous à tous les 2

  3. mayimaya

    bien dit ! belle bande de donneurs de leçon ces journalistes de Usbek & Rica !

  4. violaine

    Qu’ils aiilent se faire « broots’er » ailleurs ces journalistes !

  5. La caravane

    T’inquiète Julie, l’itw était très agréable, ton ami très sympa, et si c’était à faire, on le referait. D’ailleurs, j’en profite pour dire que le but de l’article n’est pas de crier haro sur Usbek & Rica, mais plutôt de « dénoncer » (ouh !) les donneurs de leçons en tout genre (journalistes ou pas) et les concepts fumeux (bobo, baba, bubu et autres broots…).
    Camille.

  6. Céline

    De toute manière, les vrais roots vont à Djerba la Fidèle, en all inclusive! C’est ça la vraie vie.

  7. Camy

    C’est vrai que rien n’aura changé à votre retour. Je prédis à ce titre que la capitale de la France sera Paris et que les méchantes banques seront encore plus riches que la veille et moins que le lendemain.
    Et nous on sera toujours vos p’tits potes.
    Non, non, rien n’a changé…

  8. Julie

    les vrais Broots ils partent en WE dans le 77, ils mangent du fromage de chèvre bio, visionnent des VHS tout en se chauffant au feu de bois !

  9. Stéphane d'Usbek et Rica

    Bonjour Camille,

    j’ai été un peu surpris de votre réaction à l’article.
    Mon idée n’était en aucun cas de critiquer votre façon de voyager, qui serait sûrement à peu de chose près la même que la mienne (sauf que je ne prendrais pas le vélo, parce que je suis moi-même un gros broots, plus que vous sûrement).
    Quelques précisions donc:
    - comme vous l’avez remarqué, le concept de broots fait l’objet d’un encadré à part et vous êtes cité dans l’article à côté. Vous n’illustrez pas particulièrement ce concept, ni plus ni moins en tout cas que d’autres voyageurs cités (Pamela, Nicolas Heuzé),
    - cet encadré sur les broots est une grosse blague. Il faut le lire avec le sens de l’autodérision et ne pas le prendre pour soi. La première source d’inspiration de ce concept fumeux, comme vous dîtes, c’est moi.
    - l’article ne fait pas l’éloge du voyage à la roots, ni même du voyage lointain. Il montre les écueils du voyage (on s’emporte avec soi, le monde est déjà exploré…) et ne fait l’éloge que d’une chose : la liberté et l’improvisation sur la route, comme dans le jazz,
    - votre citation ne vous paraît peut-être pas valorisante. Néanmoins elle est exacte. Je ne l’utilise pas pour porter un jugement sur votre manière de voyager (ce n’est pas un article sur vous), mais pour illustrer une des motivations du voyage et une de ses difficultés (le retour).

    Sur ce, je vous souhaite bonne route à tous les deux.

    Stéphane d’Usbek et Rica

  10. Ahh comme quoi, la communication au sens large est toujours un exercice difficile…
    Sans rancune Stéphane d’Usbek et Rica!
    Marc

  11. Reno

    Hello,

    Je permets de prendre part à ce débat passionnant ….ou pas..;-) Y a pas de pb tout le monde a gagné ;-) .
    Pour détendre un peu l’atmosphère, je vous annonce le grand Come Back du « HAIKU ECOLO » ;-) ):

    « En voyage pour me gaver
    De saumon, le soleil du soir
    Devient l’anus du ciel. »
    (Kaneko TŌTA)

    La caravane on l’aime comme ça avec ses cotés Broots et aussi ses cotés Roots ! ;-)

    Allez un ptit dernier pour la « roots » :

    « Quel est le con qui est allé
    Pisser
    Sur cette neige fraîche »
    (Kikaku (Coyaud))

    Saï

  12. Yeah, le grand retour des « Haiku écolo » by Reno!!
    Ceux-là sont bien gratinés je dois dire!
    Je peux pas croire que le 2e ne soit pas l’oeuvre d’un desperado…

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