A priori

La caravane
mai, 27 2011

Un petit article posté de Bakou où nous sommes arrivés il y a deux jours, après 10 jours idylliques entre Tbilissi et la capitale azérie, 100% nature (et 100% camping sauvage). Nous avons trouvé le seul hotel de Bakou qui ne soit pas un Palace, il n’y a évidemment pas le Wi-Fi… Alors, un peu de patience pour les photos et le reste des news…


Nous non plus, avant d’arriver ici, nous n’avions aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler l’Azerbaïdjan. Nous avions seulement recueilli quelques avis de cyclo-touristes, lu quelques blogs à ce sujet, parcouru quelques forums de voyageurs…

Malgré nous, nous sommes donc arrivés dans le pays avec un certain nombre d’a priori… plutôt

négatifs, il faut bien le dire !

1. A priori n°1 : « Passer la frontière azérie est un vrai calvaire ! Il faut s’armer de beaucoup de patience et savoir garder son calme en toute circonstance. »

Sortis de Tbilissi depuis deux jours, nous abordons la frontière azérie pleins de philosophie, prêts à endurer les tracasseries des douaniers. En effet, nous nous sommes laissés dire qu’ils vous faisaient défaire tous vos sacs et vous fouillaient jusqu’à la dernière poche. Certains voyageurs ont aussi du déclamer 3 fois de suite « Arménie = Terroriste » pour avoir le droit de poser un pied en terre azérie. Nous nous attendions au pire…

En arrivant, nous voyons vite à qui nous avons affaire : douaniers en uniformes camouflage, armés jusqu’aux dents et le visage fermé. Nous faisons tout bien comme on nous dit, sagement, docilement… Et miracle : la barrière s’ouvre devant nous, nous n’avons plus qu’à continuer notre route dans ce nouveau pays ! Trop facile !!! (Marc aura quand même du préciser que nous n’étions pas passés par l’Arménie et que, bien sûr, nous n’avions aucune envie d’y aller…).

D’après ce qu’on nous avait dit de la frontière azérie, on n’a pas osé faire la photo traditionnelle sur place… Ca vaut quand même ?

2. A priori n°2 : « L’Azerbaïdjan est un pays pétrolier. Cela doit donc plus ou moins ressembler à une grande étendue aride et pleine de pompes à pétrole. »

Contrairement à bon nombre de voyageurs dont nous avons lu les récits, nous avons emprunté la route du nord, celle qui borde la chaîne de montagne du Grand Caucase. Elle est plus longue mais notre visa nous en laissait largement le temps.

Et quelle fut notre surprise en découvrant cette région si verte, cette nature si riche, cette végétation si luxuriante ! Parfois, les vertes prairies peuplées de vaches, avec les monts enneigés en arrière-plan rappelaient leur pays natal à nos accompagnateurs, Rahel et Joerg (la Suisse, pour les deux du fond qui ne suivent pas).

Nous avons traversé une nature magnifique, dans laquelle s’épanouissent de nombreux troupeaux de chèvres, de moutons ou de bovins.

Sur 500 km, nous n’avons aperçu qu’une toute petite pompe à pétrole de rien du tout, au beau milieu d’un champs.

Vert, vert, vert (photo Joerg)

3. A priori N°3 : « L’Azerbaïdjan, c’est plat. »

Non, mais QUAND allons-nous finir par nous mettre cette idée dans la tête : il ne faut JAMAIS croire celui qui nous dit qu’une route est plate ! Nous devrions pourtant le savoir depuis le temps… La route du nord que nous avons empruntée n’est jamais plate ! Les côtes sont douces la plupart du temps, mais longues. Et nous avons tout de même eu le droit à un petit 17% de dénivelé, sous le soleil brûlant. Pas de la tarte, surtout avec un vélo qui commence à traîner la patte : je ne peux pratiquement plus utiliser mon 3ème plateau (celui qu’on utilise en descente). Dès que je pédale un peu trop fort, ça saute. Très pénible… Dr Joerg a diagnostiqué un allongement de ma chaîne et une érosion des dents de mes plateaux et des pignons de ma cassette, ce qui implique un changement de l’ensemble de ces pièces. Comment allons-nous trouver des pièces détachées en Azerbaïdjan ? C’est encore un mystère…). [Pour ceux qui seraient tentés de penser que je ne sais pas faire du vélo et que j'ai donc abîmé le mien en l'utilisant n'importe comment, je précise que Marc a le même problème. Mais nous sommes peut-être deux à devoir reprendre des cours de bicyclette...]

Pause après la côte mortelle à 17% (photo Joerg)

4. A priori N°4 : « Les Azéris ne sont pas sympas, et particulièrement arrogants. »

Premier jour en Azerbaïdjan : une jeune fille en robe de chambre et à peine réveillée nous invite à prendre le çay alors que nous traversons son village. Nous retrouvons chez elle ses parents et son frère qui nous offrent un second petit-déjeuner et beaucoup de sourires !

Troisième jour en Azerbaïdjan : nous nous arrêtons dans un magasin au bord de la route pour acheter bouteilles d’eau et glaces dont Rahel raffole. Georg qui passe par là insiste pour nous offrir le tout, et nous offre à chacun une icône orthodoxe et sa bénédiction.

Huitième jour en Azerbaïdjan : nous sommes perdus à la recherche de l’ambassade Kazakh dans un quartier de Bakou. Nous demandons notre chemin à un automobiliste qui nous fait monter dans sa voiture pour nous accompagner à ladite ambassade.

Et ce ne sont que des exemples pris au hasard ! Tous les jours, nous sommes aidés, accueillis, invités, nourris, accompagnés, questionnés… Les gens sont adorables avec nous, même à Bakou !

A peine arrêtés, un essaim se forme autour de nous, systématiquement !

5. A priori n°5 : « La Police azérie est corrompue, il faut l’éviter à tout prix. »

Nous avons vu beaucoup de véhicules de Police sur la route. A chaque fois que nous en croisions un, je frémissais en croisant les doigts pour qu’il ne s’arrête pas. Mais il a bien fallu que cela finisse par arriver… En pleine descente, alors que nous fonçons tête baissée, une voiture de Police stationnée sur le bas côté nous fait signe de nous arrêter. Nous nous exécutons. Je me remémore déjà des les trucs et astuces lus dans le Lonely Planet pour s’en sortir sans perdre trop de plumes face à un agent de police peu scrupuleux… L’homme nous demande en anglais « What is your name ? ». Nous répondons. Puis nous attendons… Il nous regarde dans les yeux. Nous faisons pareil. Nous attendons. Il ne dit rien. Nous ne disons rien. Nous attendons… Pour qu’il finisse par nous lancer un « OK. Bye bye », et que nous filions sans demander notre reste !

Une autre fois, à Bakou : deux agents de police vérifient nos sacs avant de nous laisser entrer dans le métro. Procédure normale. Nous passons sans problème et cherchons comment acheter des tickets. Nous voyant perdus, les deux agents volent à notre secours et essayent désespérément de faire fonctionner l’automate… pendant qu’une dizaine d’usagers passent le portique de sécurité sans qu’ils ne soient fouillés !

Bref, les policiers ici ne semblent pas bien méchants et sont toujours très contents de nous lancer les deux ou trois phrases d’anglais qu’ils connaissent !

6. A priori n°6 : « Bakou sent l’argent à plein nez et est totalement coupée de la réalité du reste du pays. »

Bon, désolée, mais là on ne peut pas contredire cet a priori, qui se révèle finalement être une vérité ! Cette ville est proprement hallucinante ! Immeubles flambant neufs, boutiques de luxe à tous les coins de rue, 4×4 tous plus gros les uns que les autres (et blancs si possible), trottoirs étincelants de propreté (des agents de propreté les lustrent tous les matins et y décollent les éventuels chewing-gum crachés par les passants). Nous avons l’impression d’être dans une ville factice ! Si cela manque un peu d’authenticité, ça n’est pas désagréable pour autant ; mais ça n’a simplement RIEN à voir avec ce que nous avons vu du pays précédemment. Il semblerait que tout l’argent du pays soit concentré dans la capitale ; alors que 50 km plus loin, il n’y a pas de quoi bitumer la route ou construire un pont digne de ce nom pour passer la rivière (vous jugerez vous-même par les photos…).

Bling-Bling Bakou

Mise à part cette dernière exception, toutes nos idées préconçues sur l’Azerbaïdjan se sont révélées fausses. Nous avons découvert un pays d’une beauté à couper le souffle, rencontré des gens avec le cœur sur la main… Une fois de plus, notre règle d’or « No expectation on the road » a triomphé ! Et quel plaisir de voir tous nos préjugés tomber en pièce ! Finalement, nous ne cherchons rien de plus en partant pédaler sur les route du monde…

Camille.

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  1. Obrasil

    Quel plaisir de vous lire… et de découvrir ce nouveau pays !! C’est vraiment agréable d’avoir de vos nouvelles (bonnes en plus ) !!! On espère que la suite sera pareille . biz à tous les 2 !

  2. Annick

    Votre aventure continue d’être formidable et de nous passionner!
    Merci!
    Annick

  3. Bossu

    Vos a priori tombent et les nôtres avec ! Merci de nous faire voyager avec vous, c’est vraiment passionnant !

  4. Caracoles

    Trop beau, trop bien, très loin ! Vous revoilà face à de nouvelles aventures… Je suis fan de votre leimotiv « no expectations on the road », très vrai.
    Plein de chance pour la suite depuis notre tout petit Paris.

    P.S : Qu’est ce que vous nous manquez les amis !!!

  5. brigitte Leveille nizerolle

    ENFIN de la lecture,et mm si Levy sort un nouveau livre ,vos aventures sont beaucoup plus passionnantes.Biz

  6. SAV

    hum… »un allongement de ma chaîne et une érosion des dents de mes plateaux et des pignons de ma cassette » dites-vous… j’ai bien une petite idée… hum… « un petit 17% de dénivelé » dites-vous… ça se confirme!

    anonyme

  7. jojo G

    Dis moi marc, au delà du fait que je ne vois pas du tout de quoi camille veut parler quand elle parle entre crochets, on voit plus ta polaire verte. Elle va bien? Rassure nous!

  8. Les Planches

    No expectations on the road ! quelle belle règle d’or ! Nous on est toujours en « expectation » de vos nouvelles et on est toujours agréablement surpris de vos nouvelles aventures.On apprend avec vous la vraie géographie, celle qui n’est pas dans les livres, celle qu’on vit pour de vrai ! A propos, merci de vos recommandations de lire Ella Maillart, elle me fait aussi découvrir le monde et m’accompagne tard dans la nuit !

  9. La caravane

    Nico, j’avais justement écrit cette phrase entre crochet à ton intention :-D . Et je précise que le pb date de bien avant la côte à 17. M’enfin, tu m’apprendras à faire du vélo le jour où tu nous rejoindra, hein ?!

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