A nous Pékin !

oct, 10 2011

Nous vous avons laissé à Jining, à la sortie du désert de Gobi. Et aujourd’hui, nous vous écrivons de Pékin, la ville la plus peuplée du monde.
Entre temps, nous avons découvert la Chine rurale et automnale, les petits villages d’agriculteurs et les usines géantes qui crachent de la fumée noire, les grandes plaines et les petites routes de montagne, le calme des matinées campagnardes et la frénésie consumériste des grandes villes… Bref, nous avons découvert un (tout) petit bout de la Chine.

 

Rencontre à Datong. De vrais comédiens, ceux-là !

 

Nous avons passé deux jours à Datong, une ville de 3 millions d’habitants à 350 km à l’ouest de Pékin. Nous y avons découvert la vie citadine et nous sommes laissés porter dans ce tourbillon de vie et de folie. Dans les quartiers commerçants, c’est la bousculade. Devant certaines boutiques, une scène est installée et de véritables artistes de supermarché s’y produisent pour rabattre la clientèle : chanteur de charme, clown triste et enfants acrobates, il y a de tout. Loin d’être blasés, les gens s’agglutinent devant ces improbables spectacles entrecoupés de « Et aujourd’hui, -20% sur les casseroles ! ». Et le bruit… le bruit ! Je crois pouvoir dire que les Chinois ont un autre rapport aux décibels. Musique à fond, pétards à n’importe quelle heure et sous n’importe quel prétexte, klaxons intempestifs. Le concept de pollution sonore n’existe certainement pas ici !

Pour s’éloigner un peu de cette folie urbaine, nous sommes allés visiter les Grottes de Yungang, à quelques kilomètres de la ville. Ce sont les plus anciennes grottes bouddhiques de Chine (Vème siècle ap. JC). Creusées dans la montagne, elles accueillent d’innombrables Bouddha de toutes formes et de toutes tailles. Magnifique ! Malheureusement, la visite se fait sous une pluie battante et nous rentrons trempés.

 

Les Grottes de Yungang

 

Coup de bol, la déluge ne dure qu’une journée et nous repartons le lendemain sous le soleil. D’après notre carte (qui manque un peu de détail), de Datong à Pékin, ça devrait descendre. Ah ah ah ! La bonne blague ! Sans aucune préparation mentale (et oui, c’est important, même à notre niveau), nous nous retrouvons à grimper et à passer cols sur cols ! Pour se faire pardonner, la montagne se pare de ses plus jolies couleurs. Jaune, rouge, doré. La flore est luxuriante et nous nous sentons presque avalés par cette grande masse végétale. La nuit, nous nous installons dans d’adorables vergers, au calme. Et le matin nous nous posons régulièrement la question : sommes-nous vraiment en Chine ? Car cela ressemble à s’y méprendre à la Dordogne que nous avons visitée à vélo il y a un an exactement. Les petits murs de pierre, les arbres orangers, le brouillard à couper au couteau…

 

Automne

 

Hier, après deux journées de près de 110 km, nous arrivons à Pékin. Pékin… J’ai du mal à croire que nous y sommes. Pékin, c’est l’autre bout du monde ! L’antinomie de notre petit Paris. Pékin, c’est si loin !

 

Nous y sommes !

 

Nous avons beaucoup de mal à trouver l’appartement de Florence, Warmshower qui nous accueille ici. L’entrée dans la ville est plutôt facile grâce aux pistes cyclables, mais c’est si grand ! Pour atteindre le cœur de la cité, il faut passer 6 périphériques ! Mais quand nous trouvons enfin notre hôte, quel bonheur ! Florence parle français et nous installe comme des rois dans un appartement communiquant avec le sien, juste au-dessus. Nous avons notre chambre, notre salle de bain et notre cuisine. C’est un rêve ! Les trois chats de la maison viennent faire connaissance. Et nous sortons dîner tous les trois dans un resto voisin. Florence est une perle, elle nous fait visiter le quartier et nous indique tout ce qu’il faut savoir sur la ville. A nous Pékin !!!

 

Au fait, on a passé le 12 000ème km... on a bien le droit de se reposer, non ?!

Camille

Le Gobi, c’est du vent !

oct, 01 2011
Il y a quelques jours, nous partons d’Erenhot, ville-frontiere entre la Chine et la Mongolie. Nous partons a 5, avec Ed (l’Anglais), Martin (le Danois) et le Vent (universel). Ce dernier souffle fort, tres fort, lateralement, mais suffisamment bien (mal !) oriente pour nous demander un effort permanent pour arracher les kilometres a l’asphalte, effort d’autant plus consequent que nos co-caravaniers sont des cyclistes, des vrais, du genre a faire plus de 100 bornes par jour. Dur pour les mollets !
Ensemble, nous vivons nos premiers moments de Chine… et nos derniers moments du desert de Gobi. En effet, 48 heures apres etre partis, nous commencons a sentir doucement que le desert prend fin… mais pas le calvaire des rustines. En ce 29 septembre, nous etablissons un nouveau record, qui affole les compteurs et fait sourire nos accompagnateurs : 9 rustines dans la journee ! La derniere etant effectuee par un « reparateur de rue » pour nous eviter la crise de nerfs (ce dernier en profitera pour reparer ma jante avec un marteau et de la colle.Vivement Pekin pour que je m’en rachete une…).
Apres deux jours en compagnie d’Ed et Martin, nous decidons d’un commun accord de nous separer car entre nos rustines et notre rythme « lent », nous avons l’impression de les ralentir en permanence.
Nous retrouvons donc notre rythme a deux, finalement assez regle et continuons a decouvrir les charmes de la vie chinoise ; notamment les restaurants, dont l’un prendra feu juste apres qu’on en soit sortis (!!) et un autre ou nous passerons a 2 doigts de nous delecter de pattes de poulets…(forcement, en commandant les plats « a l’aveugle » sur des menus incomprehensibles, il faut s’attendre a tout !). Vent de frayeur…
Hier, dernier jour de septembre, nous vivons une vraie journee de transition, ou nous comprenons que le Gobi n’est plus qu’un souvenir. Nous retrouvons, en meme temps qu’un vent du nord glacial mais dans le dos, des arbres, une certaine densite dans les villages et hameaux (plus besoin de transporter de 5 a 15 litres d’eau), et… l’hospitalite des inconnus. Apres avoir installe la tente entre deux champs, une brave dame vient nous voir et nous fait comprendre que ce n’est pas raisonnable car la nuit s’annonce tres froide. Nous lui faisons comprendre que, oui, nous savons, mais qu’elle a en face d’elle des cyclistes qui aiment la vie dure, aiment le froid, aiment se faire du mal (en substance). Vent de folie.
Quelques minutes plus tard (nous n’avons pas encore eu le temps d’ecluser notre biere et nos petits gateaux au poireau), un jeune homme debarque et nous explique que vraiment, ce n’est pas raisonnable de rester la, que nous sommes dingues et que nous n’avons pas le choix : il faut le suivre. En 5 minutes, nous replions le campement et le suivons. OK, on aime le froid, la vie dure blabla, mais on prefere le chaud, la vie facile… et les petits plats prepares par la maitresse de maison. Nous arrivons donc tous les trois dans une maison tres simple, ambiance rurale : poules, cochons, moutons, vache, truie dans la cour, deux pieces en beton dans lequel se promene un… herisson (que je degagerai manu militari d’un de nos sacs ce matin, apres l’avoir entendu gratter toute la nuit !!). On se pose quelques instants puis les parents du jeune homme reviennent des champs : nous retrouvons alors la brave dame qui etait venue nous voir precedemment. Elle se met aux fourneaux pour faire de la pate et revenir quelques legumes, le tout se transformant en quelques minutes en un bouillon de nouilles. Miam ! Vent de bonheur.
Le jeune homme me fait remarquer que mon pantalon a l’air assez leger et que je dois avoir froid. Je lui confirme et lui montre, pour blaguer, les trous que j’ai aux fesses et a l’entre-jambe. Quelques minutes plus tard, je me retrouve en calecon dans la piece, la mere de famille en train de me rapiecer le futal. Je suis a la fois honteux et ravi que des mains expertes s’occupent de ce pantalon ! Le lendemain matin, ca tournera a la honte totale quand le fils de famille insistera pour m’offrir un de ses pantalons.
Nous sommes desormais a Jining, en route vers Datong (au Sud) puis nous bifurquerons plein Est pour rejoindre Pekin que nous devrions atteindre d’ici une dizaine de jours environ.
On vous embrasse !
Marc
PS : Un grand merci a Lorene, la soeur de Camille, qui s’occupe du blog pendant que nous sommes en Chine. Notre site n’etant pas consultable d’ici, nous lui envoyons nos articles qu’elle se charge de mettre en ligne. Bref, c’est grace a elle que vous avez des nouvelles fraiches. Merci Lorene (et joyeux anniversaire !).

Erenhot

sept, 26 2011
Nous y voila ! En Chine !!! Nous sommes arrives dimanche, apres une longue journee sur la terrible piste mongole. Nos derniers kilometres de piste…
Le passage en Chine ne s’annoncait pas des plus simples : interdiction de franchir la frontiere a pieds ou a velo !
Et pourtant… Armes de notre sourire et de notre air candide, nous l’avons fait. Nous avons meme eu droit a un traitement de faveur de la part des douaniers chinois qui nous ont fait passer devant tout le monde, et nous ont trouve un taxi gratuit pour nous emmener en ville, au pied d’un hotel. Royal !
Arrives a Erenhot, la ville frontaliere chinoise, nous entrons dans un nouvel univers.
Grandes avenues asphaltees et bordees de reverberes, veritables immeubles qui tiennent debout, du monde partout dans la rue, des commerce en pagaille, des 2 ou 3-roues a gogo, des legumes dans les superettes et des restos avec de la bonne bouffe !
Ne croyez pas que nous n’ayions pas aime la Mongolie. Nous l’avons adoree. Mais ca fait du bien de retrouver un peu plus de vie et de gastronomie (bien qu’avec Marc nos avis divergent sur les qualites du Tsuivan, plat national mongol compose de nouilles au gras… vous aurez compris de quel cote je me situe dans le debat !).
Charmes par ce premier contact (et epuise par la piste), nous decidons de rester deux nuits ici, histoire de prendre le pouls de la vie chinoise.
Nous avons deja fait deux fois l’experience des restaurants. Pas facile de commander… Tout a l’heure, nous nous sommes meme vus refuser deux bols de riz ! Incomprehension totale, des deux cotes. Heureusement, nous savons nous servir des baguettes. Ca fait toujours un obstacle en moins !
Nous decouvrons aussi les petits details qui font le charme d’une ville vivante : les petits vieux qui jouent sur le trottoir a un jeu de palet (on ne sait pas encore de quoi il s’agit), cyclo-pousses promenant les locaux ou vendant fruits et legumes, petits metiers inconnus comme… « rustineurs professionnels » ! Une bassine, un paquet de rustines et il suffit de s’installer sur le bord de la route, a la disposition des nombreux cyclistes de la ville. J’envisage serieusement une reconversion, je crois que ce metier est fait pour moi ! (76 rustines au compteur m’sieurs dames !).
Demain, nous reprenons la route. Le Gobi n’est pas fini… Mais sur du bitume, ca devrait etre beaucoup plus facile. Et nous avons de la compagnie : un Anglais et un Danois croises dans la rue et allant tous deux dans la meme direction. Une nouvelle caravane prend la route…

Saynshand : 2 minutes d’arret

sept, 21 2011

Deux minutes d’arret, deux minutes d’arret, oui peut-etre quand on utilise le Trans-Mongolien, qui permet de rejoindre Pekin en quelques heures…Mais pour nous, ce sera deux jours d’arret ! Et sincerement, je crois que ces deux jours (en fait, un jour et demi !) sont bien merites.

Voici donc 8 jours que nous avons quitte Oulan Bator, direction le Sud Est et le fameux desert de Gobi…

En quittant la capitale, les previsions meteo m’avaient plutot inquiete car des temperatures negatives etaient annoncees…

Le lendemain de notre depart, en se reveillant dans la steppe, effectivement, il fait frais, tres frais; d’ailleurs, il neige et les bidons d’eau sont totalement geles…Tiens, tiens, l’hiver serait dejа-t-il lа ?

 

Le Trans-Mongolien, notre nouveau compagnon de route

 

Alternant route asphaltee et piste en tole ondulee, nous avons tout de meme progresse vers le Sud а bonne allure (environ 60 kms par jour). Mais rapidement un probleme epineux s’est pose а nous…

Mais revenons un peu en arriere…A l’auberge ou nous residions, а Oulan Bator, nous avions pu discuter avec un cycliste hollandais, qui venait de faire le chemin inverse. Il me detailla alors le parcours et je retins, en vrac « bla bla mauvaise route bla bla un peu d’asphalte bla bla 10 crevaisons dans la meme journee bla bla ».

Sur le coup, je me dis qu’il n’avait vraiment pas eu de pot mais que, pour nous, ca sera different. Effectivement, ca a ete different. 5 crevaisons par jour. Pendant 3 jours… Ca monte notre total а 70 crevaisons depuis Paris. Sans commentaire.

 

Pause devant une echoppe

 

5 crevaisons par jour, comment est-ce possible ? C’est simple : l’Eternel, ayant beaucoup cree, avait des invendus a proposer, notamment un certain nombre d’innovations plutot inutiles il faut le dire, comme par exemple « la mine anti-cycliste ». Ayant un bon fond, il s’est dit: « Je vais tester le produit dans un endroit ou aucun cycliste ne passera jamais, tiens, disons le desert de Gobi ». Il faut savoir laisser sa chance au produit.

Mais dans la foulee, l’Humanite a progresse, le velo a ete cree, les terrains de jeux se sont diversifies et les cyclistes ont decide d’aller voir ailleurs si la steppe etait verte (elle est plutot jaune en fait). Et lа, ces derniers l’ont rencontre, cette « mine anti-cycliste ». Du bel ouvrage, bien faconne, rien а dire. Et diablement efficace… Composee de 4 epines judicieusement reparties autour d’une petite boule, impossible de ne pas se piquer. Parfois, la steppe en est tellement remplie que lorsqu’on se pose pour dejeuner, meme а travers notre bache, nous nous piquons le seant. Aie !

 

Heureusement, nous avons toujours un stock consequent de rustines et avons donc pu continuer а rouler, en fermant aussi les yeux sur nos jantes de roues arriere, felees en plusieurs endroits, certainement а cause du poids de nos bagages et de l’etat des routes.

 

Le Gobi et nous

Apres 7 jours de route, nous sommes arrives а Saynshand, la « capitale » de la province, ville d’environ 15 000 habitants а vue d’oeil. 7 jours dans la steppe, cela veut aussi dire 7 jours sans douche… Arrives а l’hotel, le receptionniste nous informe que dans l’etablissement, l’eau chaude n’est dispo qu’а partir de 19h. Pas de souci : nous avons quand meme fonce sous la douche, fraiche et vivifiante il faut le dire, afin de…bon, bah, de moins sentir le…desert…

Coucher de soleil sur le Gobi (Le plus dingue, c’est que la photo ne soit pas retouchee)

Nous sommes desormais а 200 kilomиtres de la frontiere chinoise, frontiere terrestre mais non pietonne (ni cycliste йvidemment). Il va donc nous falloir trouver un « passeur » (bus, taxi…ou autre) pour passer de l’autre cote. Une petite aventure en perspective ? La suite au prochain numйro…

Marc

RDV à OB

sept, 12 2011

La « parole » est laissée aux parents (de Marc)…

Dans un si grand pays, la probabilité de croiser la Caravane à l’improviste était quasi nulle .Et pourtant , nous avons fait mentir les statistiques, en les doublant au retour de notre premier périple à l’ouest, eux pédalant et nous en bus à la »mongole » Pas moyen d’envisager un arrêt. Mais à 124 kms d’OB, nous étions à quelques heures de les embrasser. Déjà du pur bonheur. Bien entendu , eux ne nous avaient pas vus….

Retrouvailles joyeuses 28 heures après à la guest house. Balades, restos, longue attente de visas visas chinois devant l’ambassade puis quatre jours d’évasion (grands espaces, soleil, chevaux, vaches, yourtes montagnes et randos….).

 

L’attente et la cohue, devant l’ambassade de Chine


Un passage de pont, version Parents

 

…Et version Enfants…

 


Après tous ces efforts…le réconfort !

Les meilleurs choses ayant une fin, demain mardi c’est le départ pour tous vers Pékin, la Caravane à coup de pédales et nous en avion.

 

Que les fans de la Caravane soient rassurés. Leur état physique et moral est au plus haut. Les commentaires des uns et des autres participent grandement aux coups de pédales allègres. Donc que tous ceux que nous connaissons (ou pas) qui hésitent encore, à vos claviers.

 

Pierre & Evelyne

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