Hotel California

Le décalage horaire, la faim ou les jambes engourdies ne nous arrêtent pas : en arrivant à l’aéroport de San Francisco (il y a maintenant une semaine), nous déballons les cartons contenant nos vélos. Une heure et demi plus tard, les vélos sont intégralement remontés, les sacoches installés, nous pouvons…prendre le train pour rejoindre le centre ville.

Là, nous retrouvons, avec grand plaisir, Paige et Jesse, des warmshowers que nous avions hébergés il y a un an (souvenez-vous). Chez eux, nous sommes reçus comme de la famille. Pendant une semaine, presque tous les soirs, ils nous présentent à des amis, les dîners sont arrosés de vin (californien, très bon, merci) ou de bières brassées par nos hôtes (excellente idée, ça, brasser sa propre bière !) et l’animation de l’appartement est assuré par Bellow, leur jeune chien.

Ma pomme, Jesse, Paige, Bellow, Camille, Stéphanie, Pablo, Christine

Nous sommes à quelques dizaines de mètres de la baie, le toit de l’immeuble offre une vue imprenable sur le Golden Gate. Les jours défilent rapidement, d’autant plus que nous occupons bien nos journées, à arpenter les différents quartiers de la ville (tout en dévorant des spécialités régionales : burgers, donuts, cheesecakes, pumpkin pies ou d’autres délices).

Notre arrivée à San Francisco marque aussi (nous avons nous-même tendance à l’oublier…) le point de départ de la traversée d’un nouveau continent. Il faut nous préparer aux 5000 prochains kilomètres ainsi qu’à l’arrivée de l’hiver. Echange de mon matelas contre un nouveau modèle (le précédent avait une grosse bulle d’air et se dégonflait), récupération d’un réchaud de secours auprès de nos hôtes (le précédent est hors d’usage pour le moment…mais je connais un mécanicien très doué qui aura certainement une solution à nous proposer), graissage des vélos, récupération de cartes routières (trouvées gratuitement grâce, encore une fois, à nos hôtes), achat d’une carte GPS et d’un « vrai » manteau pour Camille. C’est bon, nous sommes parés !

 

Vue du toit de l’immeuble : les rues de San Francisco, le Golden Gate, le Pacifique

 

Se promener dans la ville, c’est bien. Se promener dans la ville avec des amis, c’est encore mieux !Pour profiter encore plus de nos derniers jours à San Francisco, nous retrouvons samedi deux amis « parisiens », Stéphanie et Pablo, venus en vacances dans la région. Grande joie de revoir des têtes connues, de connaître les dernières nouvelles de Paname, de loger dans un motel, traverser le Golden Gate à vélo et…de manger des burgers à 4, tout simplement !

 

Les cyclistes de la Baie

 

Nous repartons demain (mercredi matin pour nous) vers le Sud de la Californie. Quelques kilomètres avant Los Angeles, nous tournerons à gauche, plein Est, à l’assaut du continent ! L’Amérique, c’est parti !

Marc

L’Amérique, la liberté ?

Tokyo facts

nov, 14 2011

Quelques situations constatées à Tokyo (ou au Japon en général)…

  • On peut voir des aigrettes en plein centre ville.
  • Camille ne s’est pas remise de la dégustation de sushis faite à côté du marché aux poissons. Elle a raison car c’était les meilleurs du monde (oui, tout simplement).
  • Quand il pleut, les Tokyoïtes n’ont pas de manteau. Ils ont tous un parapluie. Devant certains bars, il y a donc des « consignes à parapluie » : on emprisonne son pépin dans une machoire métallique et on garde la clé pendant que l’on consomme.
  • Aux carrefours ou aux passages piétons, un « officiel » règle la circulation, aidé de deux drapeaux, d’un bâton lumineux et d’un gilet jaune fluo clignotant. On dirait une majorette déguisée en sapin de Noël. Sauf que c’est toujours un homme. Souvent de plus de 70 ans.
  • J’ai officiellement perdu 10% de mon poids depuis Paris (pas de lien avec Tokyo mais l’info avait besoin de circuler, non ?).
  • Les chauffeurs de bus parlent tout le temps dans un micro-cravate, d’une voix très suave pour indiquer toutes sortes de choses (Mais quoi ? On n’ose même pas imaginer).
  • Les Tokyoïtes ont du style mais ils aiment porter des habits courts : jupe (largement) au-dessus des genoux pour les filles, pantalon (légèrement) au-dessus des chevilles pour les hommes. Pénurie de tissu ?
  • Dans la rue, il est interdit de fumer… en marchant.
  • En quittant Tokyo, notre « bilan rustines » ne compte qu’une seule crevaison. La chance aurait-elle tourné ?
  • Tokyo est une ville portuaire. Nous n’avons jamais vu la mer.
  • Aux caisses des supermarchés, la monnaie est rendue automatiquement par une machine, laissant le temps au préposé de placer très délicatement les achats dans un sac ou un panier.
  • Dans un magasin de vêtements d’occasion, nous avons vu un pantalon mis en vente 17 500 yens (je n’ose vous dire combien cela fait en euros). Question : combien coûterait mon short si je décidais de le vendre ici ?
  • Organiser des files d’attente, en restant bien aligné et sage, est une activité très prisée ici (pour attendre le bus, pour entrer dans un resto, pour sortir du métro, etc.).
  • Les écoliers de moins de 10 ans semblent tout droit sortis du XIXème siècle avec leur culotte courte en flanelle et leur petit chapeau de feutre.

 

Marc

PS : Nous voilà à San Francisco après 14 heures d’avion, un saut de puce à Pékin et 17h de décalage horaire avec Tokyo (nous avons donc 9h de décalage avec Paris et vous vous levez désormais avant nous).

En quelques heures seulement ici, nous avons vu un homme se promener tout nu dans la rue, mangé un pumpkin cheesecake, et bu une bière sur un toit avec vu sur le Golden Gate au soleil couchant… Welcome in America (baby) !!!

PS2 : Les photos du Japon arrivent très prochainement…

Un toit sur la tête

nov, 11 2011

Le Japon, on le sait, est une destination chère (dernier exemple en date, un banal cartable d’enfant coûte 300 € au supermarché ! Et il n’y a même pas Hello Kitty dessinée dessus, trop naze !).

La question du logement était donc assez délicate pour la Caravane à Pédales. Un ryokan (petite auberge traditionnelle de charme) peut vous coûter 200 € par tête, une nuit dans un de ces absurdes hotels-capsules 60 € minimum ; et la plus économique des auberges de jeunesse demande 40€ par personne… Bien au-delà de notre moyenne théorique de 7€ par nuit et par personne.

Mais la Caravane a de la ressource, et est fière d’avoir vécu trois semaines au Japon sans débourser une seule centime de yen en hébergement ! Comment avons-nous fait ?

 

À Kobe, Kyoto et Tokyo, nous avons réussi à trouver des hôtes généreux (français et américains) grâce à Warmshowers et à la débrouille de Marc (il lui suffit de taper deux mots dans Google pour vous trouver des nouveaux amis dans une ville inconnue. Respect).

 

Mélodie et Alex, nos (fabuleux) hôtes de Kyoto

 

Entre temps, nous avons toujours réussi à bivouaquer.

Tout cela est bien beau mais… ça ne fait pas rencontrer beaucoup de Japonais, n’est-ce pas ? (Enfin si quelques uns, mais toujours des vieux qui refusent de vous prêter un bout de jardin pour planter votre tente. On nous a fait le coup 3 fois ! Pas cool les vieux nippons…).

 

Mais ce qui devait arriver arriva, et la bonne étoile de la Caravane à Pédales se mit au travail, comme d’habitude.

Un soir, alors que nous ne sommes plus très loin de Tokyo, nous trouvons un terrain au bout d’un chemin pour poser notre tente. Il y a quelques maisons alentours. Nous allons sonner à la maison la plus proche pour se présenter à nos voisins d’un soir. Une mamie avec le bras en écharpe nous ouvre et prend peur en voyant nos têtes de blancs-becs. En gros, elle nous claque plus ou moins la porte au nez, gentiment cela dit.

Qu’à cela ne tienne, nous nous installons. Il faut bien dormir quelque part !

Peu après, Mamie Bracass’ revient avec une de ses copines pour regarder ce que l’on traficote et tente de nous décourager « Il va faire très froid cette nuit ! ». Mais oui ma bonne dame, mais je crois que vous ne savez pas à qui vous parlez, aux champions du camping sauvage madame ! Elles laissent tomber.

Plus tard, c’est un homme qui vient nous voir, appelé par Mamie Bracass’, et là c’est le sketch ! Une heure de palabre et de « tournage autour du pot à la Japonaise » (tout un art). Tout y est passé ! Il va faire froid, il va pleuvoir, il n’y a pas de toilette, il va y avoir du vent, le terrain n’est pas droit, et bla bla bla. Nous faisons les idiots et décidons de rester coûte que coûte tant que l’on ne nous dit pas clairement « Vous ne pouvez pas rester là ». Ce qui peut prendre une heure, un mois, voire plutôt un siècle avec un Japonais ! Pas envie de démonter la tente, de rééquiper les vélos, de repédaler, d’avoir à trouver un autre terrain, de remonter la tente, le tout sous une nuit tombant à vitesse grand V dès 16h30.

 

Mais notre homme est vraiment embarrassé. Au bout d’un certain temps, il nous trouve une solution. Il nous trouve même LA solution : nous sommes logés dans la « community house » (genre maison des associations), au chaud sur un tatami avec eau courante et WC. Ah bah voilà ! Là, c’est d’accord ! (les raccros…)

 

Une nuit au chaud, on ne dit pas non. Surtout quand c’est dans une maison traditionnelle !

 

C’est Naomi qui nous y emmène (l’une des dix personnes que cette petite anecdote aura mobilisées). Naomi est aussi très gênée que nous ayons été délogés. Et pour se faire pardonner… nous invite à dîner chez elle ! Miracle ! C’est donc grâce à cette histoire mal embarquée qu’une Japonaise nous ouvre ses portes. Quelle chance !

Elle est très heureuse de nous faire découvrir une vraie maison japonaise, avec tatamis dans les chambres, de l’électronique du sol au plafond (assez inutile dans la plupart des cas), des meubles anti-sismiques (système d’accrochage particulier), des télés dans toutes les pièces et tout le confort japonais. Car les Japonais aiment le confort ! C’est ainsi qu’un monstrueux fauteuil massant trône au milieu du salon, accompagné d’un boîtier chauffe-pied électrique, sans oublier l’improbable nappe-couette. La grande classe !

C’est un plaisir de partager une soirée avec cette mère de famille qui nous en apprend plus sur la vie quotidienne et les habitudes des Japonais. Nous sommes aux anges !

 

Naomi faisant une offrande dans le temps Shinto d’Oyama. Pour prévenir la divinité qu’on lui a fait un petit cadeau, on sonne la cloche !

 

Nous faisons même durer le plaisir puisque Naomi nous propose une visite des environs le lendemain matin. Malheureusement, la vue magnifique qu’elle a sur le Mont Fuji depuis son jardin restera obstruée de vilains nuages… Mais nous la quittons, heureux de cette rencontre sur laquelle nous ne comptions plus, et les sacoches pleines de cadeaux (fruits, cartes postales, bonbons, chocolat…).

 

Camille.

 

PS : Nous sommes toujours à Tokyo que nous quittons dimanche matin, direction San Francisco !

 

Ici à Nagano…

nov, 09 2011

Kyoto derrière nous, nous nous dirigeons vers la lac Kiwa. Nous avons prévu de le longer puis filer ensuite plein Est, à l’assault des « Alpes Japonaises ». La météo (quoi ? Une journée de pluie ! Ça ne nous était pas arrivé depuis…un bout du temps !) et l’urbanisation à l’excès sur les bords du lac nous font changer les plans : direction plein Est plus vite que prévu.

Dans un coin de notre tête, nous avons un objectif, trouver la campagne nippone, car il faut le dire, après plusieurs mois dans des paysages largement ruraux, la densité urbaine ici est un changement plutôt radical.

Dans la plaine de Gifu, nous roulons, comme entre Kobe et Kyoto, à travers des villes, des banlieues, des villes, des banlieues. Lorsque nous traversons quelques champs de riz, c’est l’extase, un grand bol d’air, un repos visuel. Il nous reste alors environ une semaine de route et commençons gentiment à faire le deuil des espaces sauvages. Pour la première fois depuis le début du voyage, nous testons le « camping sauvage citadin ». La tente est plantée sur un petit terrain vague, entourée par des maisons. Curieux…

Mais en voyage itinérant, la persévérance est récompensée. Avec les premières collines du paysage, à la sortie de la plaine, les maisons commencent tout doucement à s’espacer et puis, en grimpant un col, ça y est : nous sommes dans la forêt ! Les jours suivants, nous découvrons les « Alpes Japonaises », dans la région de Nagano. Les cols ne sont pas très hauts mais nous en passons un ou deux par jour : les jambes se raffermissent et les estomacs ont besoin de se remplir régulièrement, ce qui n’est pas chose aisée car notre réchaud est en panne…Nous carburons aux « onigiri » (boules de riz fourrées au poisson), tentons de nous préparer nos propres sushis et dégustons des « kakis » dont la campagne (ouiiii, nous l’avons enfin trouvé !) est remplie.

 

Fraîcheur, humidité et short à fleurs : la forêt japonaise…

Nous découvrons qu’au Japon, l’hygiène est primordiale. Nous n’allons pas jusqu’à porter des masques et des gants blancs comme certains, mais nous n’assumons pas vraiment notre odeur… Heureusement, les Japonais ont inventé « l’onsen » ! Des bains publics (hommes et femmes séparés) où l’on peut se laver et surtout se prélasser dans un bassin alimenté par une source chaude naturelle. Un vrai régal pour les sportifs. Surtout que les deux fois que nous y sommes allés, nous étions les seuls. Toujours plus agréable que de partager son bain avec papis et mamies dénudés…

 

Les couleurs de la campagne japonaise en novembre

 

Les couleurs d’Automne des feuilles sont ici très réputées (beaucoup de festivals les célèbrent). Nous avons l’occasion de les admirer à foison pendant que nous grimpons, nous grimpons. L’effort nous vide l’esprit, les arrivées au sommet nous gonflent l’ego et les descentes successives permettent au manteau de Camille de s’envoler vers d’autres horizons…

Après plusieurs jours de ce traitement (et l’achat d’un joli coupe-vent pour Camille), nous arrivons devant son Altesse. Aussi grand, étonnant, majestueux et volcanique soit-il, le Mont Fuji n’en reste pas moins très timide. Nous tournons autour pendant presque 48 heures sans jamais réussir à le voir dans son intégralité : il reste caché dans le brouillard.

 

Au delà du brouillard, toujours plus haut, le sommet du Fuji.

Sans rancune, nous le laissons derrière nous, dormons une dernière fois sous la tente au Japon (la prochaine fois qu’on la sort, ce sera peut-être quelque part en Californie. Je n’en reviens pas !), à quelques kilomètres de Tokyo et filons vers la mégalopole, où nous restons jusqu’à dimanche matin.

 

Sous le soleil de Novembre, le compteur affiche : 13 000.

Marc

PS : je voulais vous rédiger un article uniquement sous la forme de « haïkus », ces courts poèmes japonais puis j’ai changé d’avis. Je me suis dit que ce serait plus amusant si VOS commentaires étaient cette fois-ci uniquement sous forme de haïkus…

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